~ Lune aveugle ~ Une étrange histoire.

20-05-01 - 20h25

Dimanche soir, passé 20h. Je viens de terminer de dîner d'une tomate et d'une boîte de thon.
Il est temps je crois de résumer des évènements de ces quelques derniers jours.

Ah... Je dois avouer que... j'ai du mal à trouver mes mots. Et je ne sais pas trop par où commencer.

Il fait plutôt chaud ces temps-ci, vous ne trouvez pas ? Je supporte mal la chaleur; j'ai descendu à moitié les stores pour conserver la fraîcheur de l'appartement intact. Mais avec la nuit qui arrive de toute façon, cela ne devrait plus être nécessaire. Dehors, le soleil descend doucement vers la ligne d'horizon, énorme, incandescent. Je peux le voir dans le peu d'espace qu'il reste entre la fenêtre et le store.
Rouge comme le sang.

Ou m'étais je arrêté déjà? Ah, oui, juste après le cauchemar. Je vais reprendre à partir de ce moment là.

Après avoir déposé le récit de ce qui venait de m'arriver, celui que vous avez pu lire le 11 au soir, je suis retourné me coucher. Je mentirais en disant que je n'avais pas peur.
Je suis resté allongé, les mains posées sur le ventre, doigts croisés, à fixer le plafond, lumière allumée, à guetter, avec pour seul compagnon le bruit de ma propre respiration . Epiant le moindre son, le moindre bruit.

Je sais que j'aurais du essayer de ne plus penser à ce qui venait d'arriver , mais cela m'était impossible car ... voyons...comment pourrais je décrire cela?
D'abord, la certitude absolue de ne pas avoir rêvé me paralysait encore l'esprit, m'empêchait de rationaliser.
Ensuite, ma chambre semblait être devenue... hostile.

Quelque chose planait dans l'air, je ne sais pas quoi, mais je le sentais. Cela ne vous est t'il jamais arrivé?
Vivre des moments intenses dans une pièce, dispute, amour, haine, colère... et d'y retourner peu de temps après et sentir les évènements encore présents, flottant dans l'air. Revoir les objets, se souvenir de leur rôle.
Est ce juste notre imagination ? Ou les endroits se souviennent ils vraiment ? Tant de questions...

Je suis donc resté à guetter, ainsi figé, tel une momie, n'osant bouger. Finalement, j'ai du fermer les yeux vers les 4 heures du matin... mort de sommeil. Rien ne s'était passé alors ; et rien ne m'a réveillé. Oui... rien ne m'a réveillé.

En fait, j'ai dormi jusqu'à une heure de l'après-midi. Je me suis réveillé, suis resté couché, à demi assoupi, observant d'un oeil mi clos le ballet des rayons de soleil sur le mur, jouant a travers les trous des stores. Je suis resté à somnoler quelques minutes, puis me suis étire en baillant, la tête un peu lourde mais plutôt reposé - pour une fois ! -, puis je me suis levé. Je suis allé me soulager aux toilettes, puis, l'estomac gargouillant comme jamais, me suis attablé pour petit-déjeuner. J'ai allumé la télé. Et là, dans les vapeurs odorantes qui montaient de ma tasse à café, j'ai vu le générique du vrai journal se terminer. Je n'ai pas réagit de suite. Puis finalement...

J'ai du lâcher un juron. J'ai changé de chaîne et constatais consterné, à la vue des émissions, que nous n'étions pas samedi, mais dimanche.
J'avais dormis plus de 24h.

Cela ne m'était encore jamais arrivé. Je n'arrivais même pas à concevoir que l'on puisse dormir plus de 12 heures d'affilées ; alors 24h ! Je suis resté consterné. Je venais de perdre une journée entière à dormir ! Si ça, ça ne prouvait pas que quelque chose ne tournait pas rond chez moi , plus rien ne le pourrait.
J'ai passé le reste du dimanche à vaquer, faire mes petites affaires. D'un point de vu ménager, j'étais plutôt embêté car d'ordinaire je faisais mes courses le samedi ; ce contretemps m'obligerais à courir les magasins le lundi soir. Une chose dont j'ai horreur, faire des courses en semaines.
Je me suis couché vers minuit, normalement fatigué. Plutôt bizarre pour quelqu'un qui venait de faire 2 tours du cadran.
Le lundi matin, je me suis réveillé en pleine forme.
Je venais enfin de passer une nuit normale depuis l'incident devant l'immeuble. Sur le trajet jusqu'à mon bureau, je me surpris à penser que les choses étaient peut-être finalement revenues dans l'ordre.

Idée qui fut corroborée par les résultats d'analyse que je reçu du laboratoire le soir même.
Tout était normal.
Taux sanguins normaux. Séronégatif. Aucune anomalie détectée.
Inutile de vous dire que je fus pris d'un intense sentiment de soulagement profond.

Le téléphone sonna dans la soirée, et je passais une bonne heure avec mon ex- petite amie, avec qui j'entretenais encore des relations amicales. Nous échangîmes rires, anecdotes et autres bêtises ; je lui racontais brièvement ce qui venais de m'arriver, et nous pûmes tout deux partager le soulagement de l'épreuve terminée. Je la quittais finalement peu après 11 heure, à moitié heureux, à moitié morose.
Elle m'avait quitté pour de bonnes raisons, et je comprenais parfaitement pourquoi elle ne souhaitait plus sortir avec moi... mais je l'aimais toujours quelque part et cela me faisait toujours un peu mal, de vivre ainsi presque comme à l'époque ou nous étions ensemble.
Plus d'un an maintenant... oui. Depuis, je n'avais retrouvé personne à la hauteur. Et personne ne semblait me trouver suffisamment intéressant...
C'est l'esprit morose que j'allais me coucher, tentant de libérer mon esprit des souvenirs qui soudain m'assaillaient. La bonne chose était que je ne pensais pas une seconde à toutes ces nuits ou je n'avais pu dormir.
Les incidents étranges qui m'avaient hanté étaient sortit de mon esprit, aussi vite qu'ils étaient apparus.

La semaine s'est écoulée, normale.
Rien n'est arrivé.
J'ai repensé à ce site, ou je postais mon histoire ; et cela m'a fait rire. Je me suis dit : " bon sang, mais qu'est ce qu'aurais bien pu penser les gens de mon entourage s'il avait lu ce truc? "
J'ai alors décidé de l'effacer.

Mais je ne l'ai pas fait.
J'ai eu pas mal de travail et de soucis cette semaine, et je n'ai pas pris le temps de m'en occuper.
J'ai passé la journée de samedi avec des amis, ai fait la rencontre d'une charmante jeune fille célibataire au rire enchanteur.
En rentrant ce soir là, distraitement et sans raison, debout sous la lumière pâle de la lune, je repensais encore une fois à ce site, en cherchant les clefs de la porte d'entrée, me promettan de l'effacer le dimanche venu.
J'étais un peu ivre, et plutôt heureux de cette rencontre avec la jolie I. Ma montre indiquait 1h32 du matin.

Et je ne l'ai pas entendu approcher.

Je venais de mettre la main sur mes clefs et les sortais de ma poche quand il a émi un son tellement ... répugnant .

J'ai hurlé de terreur, à cause de ce bruit, de la surprise et du reflet de ce qui qui se tenait derrière moi dans la porte vitrée de l'immeuble. J'ai laché mes clefs qui ont rebondis contre le mur du porche et sont tombèes sur le tapis marron.

Je me suis retourné, fou de terreur, me meurtrissais l'épaule contre l'interphone, des pensées folles et rugissantes explosant dans ma tête, me plaquant dos à la porte...

Ho, Seigneur Dieu, si tu existes... si seulement... il faut que tu m'aides...

Je ne peux plus, je crois que je vais m'arrêter la pour ce soir.
J'espère pouvoir continuer demain... j'espère oui... car s'il.. s'il...

Ho mon Dieu...

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